
Portrait de Svetlana et Richard, fondateurs de l’Atelier Joaillier à Lyon
Vous connaissez mon amour pour les belles pierres et la joaillerie éthique et bien cette fois-ci je vous emmène découvrir un petite pépite au plein cœur de Lyon. Svetlana et Richard, tous deux passionnés de joaillerie, ont créé très jeunes leur atelier-boutique de joaillerie « l’Atelier Joaillier » en souhaitant défendre des valeurs éthiques et responsables. Ils ont à cœur de faire découvrir le savoir-faire artisanal de leur métier mais aussi de dépoussiérer les codes de la joaillerie en faisant des bijoux funs, colorés et surtout proposer de nouveaux services. Plein d’idées, de projets et d’envies ils ne s’arrêtent pas là, ils ont récemment lancé leur marque de joaillerie « Aronine ».


Je vous laisse découvrir Svetlana et Richard, leurs magnifiques créations et leurs parcours qui les ont mené à fonder leur atelier « l’Atelier Joaillier » et leur marque de joaillerie « Aronine« .
Interview de Svetlana et Richard
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Quels sont vos parcours ?
Nous sommes Svetlana et Richard, deux associés joailliers créateurs. Nous nous sommes rencontrés en 2012 lorsque nous étions encore à l’école, à Lyon. Nous avons créé « l’Atelier Joaillier » en 2015, il y a 6 ans maintenant. Adrien, notre apprenti joaillier, nous a rejoint en septembre 2020. Nous avons tous les trois entre 28 et 29 ans.
Le parcours de Svetlana : Suite à un bac général, je me suis dirigée vers l’univers de la joaillerie après un cursus en arts appliqués. J’ai passé un CAP Art et Techniques de la Bijouterie-Joaillerie (ATBJ) puis une année complémentaire en joaillerie. Et enfin j’ai finalisé mes études par une formation en Sertissage.
Le parcours de Richard : J’ai fait un BAC pro Commerce, puis je me suis ensuite dirigé vers un CAP Art et Techniques de la Bijouterie-Joaillerie (ATBJ) puis une année complémentaire en joaillerie. J’ai finalisé mes études par la formation « Titre Entrepreneur de la Petite Entreprise ». Je suis également Médaillé de Bronze du concours des « Meilleurs Apprentis de France » (MAF).



Comment vous est venue l’idée de vous associer et de créer l’Atelier Joaillier ?
Svetlana : Je suis une collectionneuse passionnée de pierres fines et précieuses depuis ma plus tendre enfance. Après mon année en Arts Appliqués je me suis tout naturellement orientée vers la joaillerie pour allier mes deux passions : la création et les gemmes.
Richard : Je suis fils et petit-fils de joaillier, j’ai grandi dans l’atelier de mon grand-père bijoutier horloger. J’ai toujours souhaité travailler dans le domaine de la joaillerie en ouvrant ma propre boutique.
Nous avons décidé de nous associer à la fin de nos études car nous avons senti que nous étions très complémentaires et nous avions tous les deux envie de travailler ensemble dans notre propre atelier.
Avez-vous suivi des formations particulières pour vous lancer dans le domaine de la joaillerie ?
Nous avons été formés pendant plusieurs années, en alternance, dans différentes entreprises. Nous avons chacun plusieurs diplômes dans ce domaine. Nous avons souhaité dès le départ nous former de manière approfondie afin de pouvoir créer un bijou sans être bloqués par la technique.




Comment décririez-vous le style de « l’Atelier Joaillier » ?
Le style de l’Atelier Joaillier est assez hétéroclite car nous travaillons le plus souvent à la commande, c’est-à-dire en sur-mesure. Nous essayons néanmoins de faire transparaître notre goût pour les belles gemmes, les associations colorées et les bijoux plutôt modernes et faciles à porter. Nous avons créé en parallèle de notre boutique, notre marque de joaillerie en ligne « Aronine » afin de pouvoir proposer nos propres designs en toute liberté, depuis juin 2020. Toutes les créations présentées sur ce site sont épurées, nous utilisons beaucoup le serti demi-clos, et bien sûr nous y proposons des gemmes atypiques.
Quels sont les services que vous proposez ?
Nous proposons énormément de services à l’Atelier : réparations (uniquement sur or 750 millièmes), estimations, rachat d’or, horlogerie, transformations et créations. Pour tout ce qui concerne les réparations, nous avons recours à des sous-traitants lorsqu’il s’agit de retailler des pierres, de re-sertir un bijou, ainsi que pour toute la partie horlogerie. Pour la création, nous travaillons également avec différents corps de métiers (fondeur, sertisseur, graveur, lapidaire, enfileuse de perles) selon les demandes. Nous sommes joailliers et cela signifie que nous fabriquons à la main les bijoux que l’on nous commande, directement en métal forgé ou en cire, sur place, dans notre petite boutique, mais nous avons besoin de tous ces autres acteurs de la joaillerie pour obtenir des bijoux entièrement aboutis. Le joaillier est en quelque sorte le chef d’orchestre du bijou.






Quelles sont les valeurs que vous défendez et pourquoi ? Comment choisissez-vous les matières premières ?
Nous défendons d’abord l’artisanat. C’est essentiel pour nous de mettre en avant notre métier et de montrer que les joailliers créateurs sont une espèce en voie de disparition à cause de la délocalisation et l’industrialisation de notre savoir-faire. Nous nous sentons responsable de ce savoir-faire précieux, de ce que nous créons et souhaitons fabriquer des bijoux de qualité, faits pour durer dans le temps, afin de traverser les générations.
Ensuite, nous sommes très conscients de l’impact environnemental de notre métier et souhaitons utiliser tout ce qui est en notre pouvoir pour réduire cet impact. Cela passe en premier lieu par le fait de privilégier la qualité à la quantité. L’or que nous utilisons est recyclé, c’est-à-dire que nous achetons du vieil or à nos clients afin de le faire transformer par un affineur pour le retravailler. Nous savons qu’actuellement, tracer les gemmes et les garantir « éthiques » est extrêmement compliqué car il s’agit d’un marché très opaque, même pour nous. Nous avons donc choisi de proposer à nos clients des gemmes en fonction de leurs provenances : nous travaillons avec des diamants canadiens et des saphirs d’Auvergne dès que nous le pouvons.






Quelles sont vos sources d’inspirations ?
« Si la joaillerie est emmenée à tisser des liens étroits avec la sculpture, elle emprunte également beaucoup à la peinture. Observer une pierre c’est comme préparer sa palette »
Jean Vendôme
Créations de Jean Vendome :




Cette phrase ainsi que toute l’œuvre de ce grand joaillier nous inspire chaque jour et nous guide sur notre chemin en tant que créateur, en tant qu’artisan et en tant qu’indépendant.
Qu’est ce qui a été le plus dur dans le processus de création de l’Atelier Joaillier ? Quel est votre plus gros challenge au quotidien ?
Nous avons créé notre atelier alors que nous étions encore très jeunes, nous avions 22 et 23 ans. Nous avons eu beaucoup de premières fois en créant notre boutique-atelier, premier emprunt, premier avocat, premier comptable. Ce fût une expérience extrêmement enrichissante.
Le plus compliqué a été de se faire connaître une fois la boutique ouverte, car nous avons démarré sans garantie de clientèle. Aujourd’hui nous sommes encore confrontés à énormément de challenges au quotidien et le dernier en date a été le confinement, comme pour beaucoup d’autres artisans commerçants. Nous avons dû, comme tout le monde, digérer l’information, accepter de rester enfermés et puis trouver des moyens pour fonctionner différemment afin de protéger nos emplois.
Hors période de crise exceptionnelle comme celle que nous traversons actuellement, notre plus gros challenge est de convertir nos clients à l’artisanat car les personnes qui sont complètement extérieures à notre univers ont au départ beaucoup de doutes et d’interrogations concernant notre activité.





Avez-vous une pierre que vous aimez tout particulièrement travailler ?
Svetlana : J’adore les tourmalines (à porter occasionnellement si montées sur bague car ce sont des pierres relativement fragiles), c’est une pierre que j’aime pour sa variété de couleur assez incroyable. J’aime également les saphirs, surtout ceux qui possèdent des couleurs atypiques (kaki, gris, roses pâles, turquoises, etc…).
Richard : J’affectionne particulièrement le spinelle gris. Cette pierre, d’une dureté compatible avec un usage quotidien est en effet magnétique et aussi facile à porter pour un homme que pour une femme. J’apprécie également le saphir d’Auvergne, surtout les matières bleues vertes, que l’on aime sertir sur de l’or blanc.
Que pensez-vous des diamants de synthèse ?
Nous pensons que le prix du diamant de synthèse est emmené à beaucoup baisser, comme autrefois ceux du saphir et du rubis synthétiques. Nous préférons donc avertir nos clients sur ce sujet et nous les encourageons à privilégier des matières naturelles. Si nos clients souhaitaient s’orienter sur de la synthèse pour des raisons éthiques, nous les réorientons sur du diamant canadien ou du saphir d’Auvergne.
Pourquoi ce choix des diamants canadiens et des saphirs d’Auvergne ?
Tout d’abord, nous avons tenté de proposer une alternative éthique pour les bagues de fiançailles et à l’Atelier Joaillier comme chez Aronine, nous proposons uniquement à nos clients des gemmes de 8 et plus sur l’échelle de dureté de Mohs, (diamant, du saphir, du rubis, du spinelle ou de la topaze).
Nous avions bien entendu parler des diamants de synthèse mais comme expliqué plus haut, le prix est pour nous rédhibitoire car nous pensons qu’il est emmené à énormément chuter ces prochaines années, décennies. De plus nous avons des comparatifs qui circulent sur le fait que l’énergie utilisée pour créer ces synthèses est telle que l’empreinte carbone est quand même très importante. Nous avons donc essayé de chercher des diamants issus de mines un peu plus responsables. Nous avons commencé par utiliser des pierres « conflict free » mais nous avions envie d’aller plus loin et le diamant canadien nous est apparu comme la meilleure alternative car provenant d’un pays stable politiquement, aux législations strictes en matière d’exploitation minières et de code du travail. Restait le problème de l’impact des mines à ciel ouvert, qui sont un énorme problème pour l’environnement. Nous avons donc continué à chercher et avons fini par trouver la perle rare : le saphir d’Auvergne. Cette gemme bénéficie des mêmes qualités que le diamant canadien pour tout ce qui concerne les lois mais elle a en plus l’avantage de ne pas être exploitée officiellement et donc les bruts sont récoltées à la main, à la bâtée, dans les rivières auvergnates, par des gemmologues ou néophytes passionnés. La « production » est très faible, la plupart des bruts sont inutilisables en joaillerie et une vingtaine de gemmes seulement sortent chaque année. Elles sont taillées par des lapidaires français puis vendues à des joailliers qui sont heureux de pouvoir fabriquer à la main des bijoux 100 % made in France.
Pour tout ce qui n’est pas bague de fiançailles, nous fonctionnons sur le même principe de la géolocalisation quand il s’agit de rechercher des gemmes éthiques : les opales australiennes et les perles de Tahiti par exemple, sont des matières issues de pays dont les normes strictes permettent de garantir un impact humain et environnemental moindre que des gemmes issues de certains pays d’Afrique ou d’Asie.
De quoi êtes-vous le plus fière aujourd’hui ?
Aujourd’hui nous sommes fiers d’avoir acquis une certaine réputation auprès de nos clients en termes de qualité et de services. Nous sommes également très heureux de pouvoir proposer des matières uniques, éthiques et atypiques dans notre boutique et en ligne sur le site de notre marque « Aronine ».
Créations Aronine :




Quels sont les projets/challenges que vous aimeriez réaliser dans les prochaines années ?
Dans les prochaines années nous envisageons de développer notre marque Aronine et notre boutique l’Atelier Joaillier en proposant des bijoux de plus en plus haut de gamme. Cela ne signifie pas que nous souhaitons supprimer notre offre de sur-mesure « entrée de gamme » car nous sommes très heureux de pouvoir travailler avec des clients de divers horizons mais nous avons envie de proposer des gemmes un peu plus volumineuses et un peu plus colorées encore. Nous sommes actuellement des joailliers « fiançailles » et nous avons envie de sortir du solitaire diamant classique pour créer des bijoux un peu plus « fun ».
Nous souhaitons aussi créer un bijou d’exception en collaboration avec d’autres artisans pour promouvoir nos savoir-faire, nous sommes au tout début de ce projet et nous avons hâte de vous en parler plus en détail très prochainement.
Avez vous un message que vous aimeriez passer ?
N’hésitez pas à découvrir et pousser les portes des artisans de vos régions. Ils détiennent un savoir-faire inestimable qu’il faut savoir défendre et protéger.
Un peu plus de L’Atelier Joaillier…
N’hésitez pas à découvrir les magnifiques créations de l’Atelier Joaillier sur son site officiel et à suivre la marque sur son compte Instagram pour être au courant de leur actualité.
Photos : l’Atelier Joaillier
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